Borobodur, le temple bouddhique qui incarne l'Univers

Temple de Borobodur (Indonésie)
Temple de Borobodur (Indonésie)

Le temple de Borobodur date de la dynastie javanaise des rois Sailendra, qui règnent dès 740 de notre ère. Ils inspirent à leurs sujets une ferveur religieuse si forte que, dès l'an 800, des milliers d'hommes travaillent à l'édification d'un monument bouddhique, d'une dimension (il mesure 123 m de côté et 34,50 m de hauteur) et d'une beauté exceptionnelles dans le moindre détail. Le temple de Borobodur ("le monastère sur la colline") est implanté sur une hauteur naturelle. Des millions de m3 de pierre sont travaillés afin de créer un symbole géant de l'Univers (un Mandala). Ce symbolisme ne peut d'ailleurs être pleinement apprécié que d'en haut: Une vision qu'aucun des constructeurs n'a jamais pu avoir.


Recouvrant presque deux hectares, le temple, en forme de pyramide, est construit sur dix niveaux. Chacun d'eux correspond aux étapes spirituelles de la vie du pèlerin bouddhiste, au fur et à mesure qu'il avance de l'état d'ignorance vers le "nirvana", son ultime idéal. Les six premiers étages sont carrés et représentent l'étape préparatoire du voyage. Les niveaux supérieurs sont circulaires et symbolisent la transition spirituelle vers l'état de révélation. Le plus haut point du temple, le "stupa", qui atteint environ 36m de hauteur, concrétise l'apogée du parcours. De bas en haut et en passant par toutes les galeries, on peut parcourir 5km. Des frises sculptées illustrent des scènes de l'enseignement bouddhique; elles décorent ce labyrinthe de couloirs à angle droit. Dans les nombreuses niches du temple, se tiennent des centaines de bouddhas.


Une fois consacré, le temple devient le centre principal de culte bouddhique du royaume de Sailendra. Mais en 930 de notre ère, un désastre s'abat. Le mont Merapi, un volcan voisin, entre en éruption et crache de la lave en fusion et de la cendre volcanique. Pendant la nuit, Borobodur disparaît sans laisser de trace. Pendant des siècles, le temple reste caché dans sa tombe souterraine, jusqu'à ce que attisé par des rumeurs locales, la curiosité du lieutenant gouverneur des îles anglaises, Thomas Stamford Raffles en révèle l'existence. Mais, après le départ de ce dernier de Java, les fouilles sont menées à tort et à travers. Le temple est laissé à l'abandon et les amateurs d'antiquités volent des trésors inestimables. Les gens des alentours utilisent les pierres pour construire leurs maisons. En outre, les éléments naturels sapent les fondations et érodent les nombreuses surfaces exposées.


Ce n'est qu'à partir de 1900, alors que Java est sous administration hollandaise, que des mesures sont prises pour restaurer Borobodur. Un ingénieur néerlandais, Théodore Van Erp, devient responsable de la sauvegarde et de la reconstruction du temple; mais deux guerres mondiales et des problèmes financiers l'empêchent d'achever le travail. Cependant, en 1973, l'UNESCO lance le projet de restauration de Borobodur, dont le coût est de 25 millions de dollars. 700 ouvriers travaillent pendant 10 ans à rendre au temple sa gloire passée. Ils utilisent les meilleures technologies modernes, afin d'être sûrs que, comme le déclare Suharto, président de l'Indonésie, à la cérémonie marquant la réouverture triomphale du site: "Borobodur vivra mille ans de plus". Et depuis 1991, le temple de Borobodur fait partie du patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO.


Borobodur est donc un haut lieu du Bouddhisme de l'Asie du Sud-Est, c'est l'un des plus grands lieux de culte au monde dédié à Bouddha et le monument le plus visité d’Indonésie, chaque année, par plusieurs millions de touristes indonésiens et étrangers. Le développement du tourisme sur lieu fut d'ailleurs critiqué "pour ne pas avoir fait participer la population locale", ce qui occasionna des conflits. En 2003, la population locale et les commerçants de la région de Borobodur organisèrent des rassemblements pour protester contre le projet du gouvernement provincial de construire un complexe de supermarché appelé Java World.


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