Arcimboldo Giuseppe, L'Automne (1573), analyse d'oeuvre

L'Automne (1573)
L'Automne (1573)

Artiste important de la cour des empereurs germaniques à Vienne et à Prague où, pour Rodolphe II, il fait fonction de portraitiste, de maître des cérémonies, de costumier et de metteur en scène des fêtes impériales, Arcimboldo tient une place originale dans le maniérisme praguois avec ses "têtes composées", allégories subtiles et savantes qui rejoignent l’esprit des cabinets de curiosités associant objets naturels et œuvres d’art (Naturalia et Artificialia). À partir d’assemblages de fruits, de fleurs, de légumes, d’animaux ou d’objets en relation avec une figure ou un personnage, il compose des natures mortes anthropomorphes, portraits allégoriques surprenants d’invention et de vraisemblance, ni caricaturaux ni irrévérencieux (Portrait de Rodolphe II en Vertumne, 1590-1591, Château de Skokloster près de Stockholm).

 

Comme les autres profils des Saisons de la série de 1573 avec leurs attributs — fleurs du printemps, fruits et céréales de l’été, branches d’arbre de l’hiver —, l’Automne (huile sur toile, 76 x 64 cm, musée du Louvre, Paris) est lié à ses produits conventionnels : pommes, poires, raisins, ainsi que grenade, figue, melon, châtaigne, champignons des bois, surmontant les douelles d’un tonneau. Sorte de faune bachique, il "est" au sens propre la saison de ces fruits et de ces plantes.

 

C’est une véritable rhétorique visuelle qu’élabore Arcimboldo, à base de métaphores, d’allégories, de métonymies, d’allusions, dont il tire une symbolique forte. Il y fait jouer un goût affirmé pour les correspondances de tous ordres, dont témoigne notamment son "clavecin des couleurs" imaginé selon une savante méthode colorimétrique de transcription musicale. Cette combinatoire qui nie l’espace et la pesanteur s’inscrit dans le développement du décoratif dans l’art maniériste italien.

 

Les grotesques, déjà présents chez Léonard de Vinci, se multiplient au XVIe siècle avec des connotations naturalistes, emblématiques ou parodiques. Loin d’une simple fantaisie ornementale, cette tendance prend son sens dans une dialectique originale de l’art et de la nature à l’œuvre aussi bien dans ces jardins du XVIe siècle à compositions végétales, décors sculptés, grottes artificielles et automates (parc de Pratolino aux environs de Florence), sources de surprise et d’émerveillement, que dans les Saisons et les Éléments d’Arcimboldo.


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