Ernest Pignon-Ernest est un artiste plasticien autodidacte né en 1942 à Nice, il choisit le lieu de ses interventions urbaines en marchant, en s’imprégnant des sons, des odeurs, de tout ce qu’un lieu dégorge de sensations. Puis, il dessine sur papier journal (œuvres originales ou sérigraphies si la nécessité de reproduction se fait sentir) au fusain ou à la pierre noire des personnages Taille 1 (échelle humaine). Il vient ensuite appliquer, coller, fondre son travail (utilisation des aspérités, des creux, des bosses, …) sur un mur, une cabine téléphonique, un espace choisi. Il place son travail la nuit de préférence, ce qui renforce l’effet d’apparition le jour suivant. Il ne signe pas son travail, ses oeuvres disparaîssent avec le temps, les intempéries et les arrachages éventuels. " Les lieux sont mes matériaux essentiels, j'essaie d'en comprendre, d'en saisir à la fois tout ce qui s'y voit : l'espace, la lumière, les couleurs et, simultanément, tout ce qui ne se voit pas ou ne se voit plus : l'histoire, les souvenirs enfouis. À partir de cela, j'élabore des images, elles sont ainsi comme nées des lieux dans lesquels je vais les inscrire. [...] Cette insertion vise à la fois à faire du lieu un "espace plastique" et à en travailler la mémoire, en révéler, perturber, exacerber la symbolique. [...] Je ne fais pas des œuvres en situation, j'essaie de faire œuvre des situations. " Ernest Pignon-Ernest.
Dans les années soixante-dix, il réalise des séries très politiques dont le message est explicitement annoncé par les titres : La Commune, 1971 ; Les Hommes bloqués, 1972 ; Jumelage Nice-Le Cap, 1974 ; Sur l'avortement, les Immigrés, 1975 ; Expulsions, 1979. A partir de 1980, il fait référence à l'histoire de l'art avec Pasolini (1980), Rubens, les Musiciens (1982), puis réalise les interventions napolitaines. "Naples, écrit-il, est une ville de presque trois mille ans où les mythologies se superposent : grecque, romaine, chrétienne. Mais c'est aussi une ville contemporaine, exacerbée par les problèmes fonciers, la drogue, le chômage, la Camorra. Quelles images inscrire dans cette ville où se croisent en permanence la lumière et les ténèbres ? J'ai d'abord pensé au thème de la mort avec la violence, les tremblements de terre. J'ai commencé à travailler à partir d'images d'actualité, des victimes de la Camorra, mais ça ne fonctionnait pas. J'ai alors pensé à la représentation du corps dans la peinture, à des pietà, mais des pietà de civilisations différentes puisqu'on trouve, à Naples, des murs qui ont quinze siècles d'histoire accumulés. J'ai collé certains de mes dessins sur la cathédrale de Naples, le jour de Pâques. On m'a dit que j'étais fou, mais ils sont quand même restés huit mois..."
Il exécute également entre 1982 et 1984, un ensemble de sculptures, les Arbrorigènes : Il réalise des moulages de corps auxquels il injecte des cellules végétales, puis les personnages sont installés dans des arbres, in situ, dans les Landes, au jardin des Plantes à Paris... Ils sont peu à peu recouverts de végétation.
En quoi ces sculptures sont-elles vivantes ?
"Comme les plantes, comme les feuilles, ces sculptures sont des accumulations de cellules végétales mises en forme : il leur faut du soleil, il leur faut de l’eau, sinon elles meurent, elles
se dessèchent se décomposent. Elles assimilent la lumière du soleil, la transforme en glucose, en vie ; elles fixent le gaz carbonique et produisent de l’oxygène, elles respirent la nuit. C’est
du végétal à forme humaine, traversé par le phénomène de la photosynthèse. Nous les avons conservées plusieurs mois dans la serre du Centre d’Etudes nucléaires de Cadarache. Claude Gudin
craignait que la production de chaleur lors de la fabrication ait fragilisé les cellules. Il les a donc en partie réensemencées par injections. Il estimait à environ un milliard le nombre de
cellules dans chaque personnage. Il ne s’agit pas d’une "enveloppe" plastique remplie de cellules, ni même d’une éponge qui en serait imprégnée. Les cellules de micro-algues sont immobilisées au
niveau moléculaire dans le polymère. Découvertes par le professeur Lewin de l’université de San Diego en Californie, elles ont pour nom Porphyridium cruentum et Chlamydomonas mexicana. Le
laboratoire de biotechnologie solaire du C.E.N. de Cadarache les a "cultivées" et spécialement multipliées pour notre projet."
Où et comment avez-vous intégré ces sculptures dans l’environnement ?
"Une fois résolus les problèmes techniques posés par la réalisation de ces formes, il a fallu s’attaquer à celui de leur intégration dans la nature. La première installation s’est faite dans
les Landes. Je les avais réparties sur environ trois cents mètres. On les découvrait en marchant, à travers un parcours proche de ce que je fais avec mes images dans les villes. La seconde fois,
je les ai installées au Jardin des Plantes, à Paris. Si à propos de ces Arbrorigènes on a pu parler de recherche plastique sculpturale, celle-ci n’est évidemment pas dans la forme des personnages
mais plutôt dans leur intégration à la nature. Il s’agissait de créer des rythmes, des vides, des pleins, de façon à ce que leur découverte et le décalage trouble qu’elles provoquent fassent de
l’espace végétal un espace poétique et plastique."
Que sont devenus ces Arbrorigènes aujourd’hui ?
"Plusieurs sont morts à Venise durant la Biennale de 1986. Je les avais installés à vingt mètres de haut. Ils n’ont pu être assez arrosés et se sont décomposés. Il en reste trois au musée
Picasso d’Antibes sur la terrasse, une dizaine au Centre européen d’Action artistique contemporaine dans le parc de Pourtalès à Strasbourg, deux au Jardin des Plantes à Paris, quelques-uns en
pension chez des amis..."
Ernest Pignon-Ernest n’a jamais compris l’art, son art, que comme un engagement total : politique, poétique, plastique. C'est une figure de l'art engagé en France depuis les années 1970, il aime questionner, prendre position et produire des images chocs.
Entretien (extrait) de Ernest Pignon-Ernest, éditions Herscher, Paris, 1990.
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Alain Dattas (dimanche, 01 novembre 2009 16:41)
Salut Ernest
Je pense que tu as du recevoir mon mail avec la photo du dessin que tu avais eu la gentilesse de ma faire sur la grève des mineurs quand on était à l'armée à Marseille
Il me plait toujours autant que le premier jour.
Amicalement
Alain
Marie (lundi, 19 avril 2010 11:25)
Je voudrais, si possible, avoir plus d'informations sur "Les expulsés", le leu ou cette oeuvre à été produite, le lien avec les parents d'Ernest ...
Merci
tessy (lundi, 21 juin 2010 22:33)
je trouve cette qu'il a beaucoup de talon
et j'aime c'est oeuvres!!!!bizous a toi Ernest
dylan (jeudi, 15 juillet 2010 22:56)
je voudrais avoir plus d'info sur ses oeuvre
Axel (samedi, 16 octobre 2010)
Il est mort quand en faite ?
Rigaud Mickael (dimanche, 17 octobre 2010 10:37)
Ernest Pignon Ernest est toujours vivant...
coco (mardi, 07 décembre 2010 18:25)
mé + d'info pour mé 2voir sa seré b1 mieu c vrémen pouri se site
Rigaud Mickael (mardi, 07 décembre 2010 19:41)
Mon cher Coco, plus d'informations pour tes devoirs ne te serviront à rien si tu fais une faute d'orthographe à chaque mot... Et sinon, comme je le dis souvent si tu veux une biographie plus détaillée de l'artiste, achète un livre parlant de sa vie et de son oeuvre, ce que je propose n'est qu'une biographie succincte pour donner quelques pistes de recherche. Cordialement mon cher Coco.
diamentine (mercredi, 02 mars 2011 20:04)
bonjour j'aimerai plus d'info sur ces oeuvre svp l'avortement et les immigrés de ernest pignon ernest je vous en suplie ce pour mon histoire des art je le passe le mardi 8/03/2011
Mimi (mardi, 12 avril 2011 19:39)
Ton site est vraiment très bien, je passe à l'histoire des arts sur ce sujets et ça m'a beaucoup aidé. Bon travail.
Mutine (mardi, 19 avril 2011 14:04)
Serait-il possible, s'il vous plaît d'avoir des infos sur son enfance, ses parents? En tout cas merci pour le site!!!
Léa (mercredi, 04 mai 2011 17:57)
TRÈS bon site!! Car j'ai trouver beaucoup d'information sur l'auteur mais aucune sur "les cabines" est je trouve cela dommage car avec cette élément en plus il serait encore plus complait!!
Voilà mais Merci tout de même pour les différentes infos!!
Lol (dimanche, 25 septembre 2011 10:37)
Ben, moi je le trouve bien, ce site! Je fais une méthodologie de description et personnellement, ça m'aide beaucoup!!! C'est très complet, j'adore!
Lise (mardi, 25 octobre 2011 11:43)
Il est mort ?
htdhjhjbh (samedi, 10 décembre 2011 14:04)
bonjour je voulais vs demander es que vous pouvez plus donner d'info sur les gisants de la commune stp
merce d'avance
Tom (samedi, 10 décembre 2011 14:37)
Svp, il me faudrait des informations sur le tableau des immigrés qui est assez dur a trouver sur le net
alexane (mardi, 27 décembre 2011 11:08)
oui, moi aussi je voudrais des information le plus vite possible sur les immigrés ! merci
chaton (vendredi, 06 janvier 2012 14:42)
serai-t-il possible d'avoir plus d'informations sur les expulsés ainsi que la vie d'ernest lorsqu'il a fait cette ouvre. c'est pour un brevet d'histoire des arts j'ai besoins d'informations
merci de votre comprehension
julie (dimanche, 15 janvier 2012 12:10)
A tu déjà rencontrer E-P-E ??
Rigaud Mickael (dimanche, 15 janvier 2012 14:45)
Non.
julie (samedi, 21 janvier 2012 16:30)
merci quand même se site est génial!!!
Ernest pignon ernest (dimanche, 25 janvier 2015 20:26)
oh vous savez c'est quoi le mouvement artistique
Rigaud Mickael (lundi, 26 janvier 2015 19:49)
Street Art ou Art Urbain
the besta (mercredi, 11 mai 2016 15:58)
plus d'info sur la commune de paris ???
guillaume (lundi, 16 mai 2016 22:35)
ça m'as bien aidé merci :)
Laure (samedi, 21 mai 2016 22:07)
Site très bien informé et qui m'a beaucoup aidé. Merci !!
KeKette (mardi, 24 avril 2018 10:59)
Mwa osi jémeré avoire + d'
unfo sure Ernaist Pigeon Ernaist
Anita Mercier Van hecke (mardi, 23 mars 2021 18:33)
Ernest Pignon est apparenté au peintre Edouard Pignon ?