Gilles Barbier, Aaaah ! (2001), analyse d'oeuvre

Gilles Barbier, Aaaah!, 2001, Cire, résine, 190 x 240 x 105 cm
Aaaah! (2001)

"Cette pièce représente le moment où les organes vont s'autonomiser. J'ai un gros problème avec le fait d'être fini, d'être limité. Dans ce parcours qui va du dictionnaire au clone, j'ai toujours un souci avec ce corps. Je n'arrive absolument pas à le définir, ni à savoir ce que signifie aujourd'hui être un corps, avoir un corps, c'est-à-dire être un sujet social, économique. Je suis assez obsédé par la consommation et par le corps consommateur, comme lieu de toutes les fragmentations, comme espace qui reçoit toutes les agressions: il est aujourd'hui le lieu de la guerre. Dans ce champ de bataille, le corps est tiraillé entre des intérêts tellement divers qu'ils rendent inutile toute recherche identitaire.

 
Je n'ai pas le sentiment de faire un travail critique ou politique. J'ai peu envie que mon travail soit politique même si je manipule certaines notions qui peuvent faire croire à un travail engagé. Je reviens à l'idée de ce corps bombardé. J'ai remarqué par exemple que la publicité ne s'adresse pas à ce que l'on est. Elle ne peut s'intéresser qu'à une partie de nous : aux mains, aux yeux, aux oligo-éléments. Finalement, le discours publicitaire ne s'adresse qu'à un seul organe, une seule fonction du corps. Or, on peut imaginer que la publicité se miniaturise et qu'elle devienne un virus, qu'elle entre dans nos organes, qu'elle reprogramme nos gènes de sorte que, par exemple, notre estomac réclame toujours des barres "Crunch" ou des céréales "Fitness".

 

Si la publicité devient virus alors notre peau pourrait partir en lambeaux si l'on n'applique pas les crèmes "Clarins". Mais ces différents discours publicitaires pourraient créer des conflits entre nos organes et conduire à une schizophrénie. On peut alors imaginer que nos organes se désolidarisent pour vivre une existence plus intéressante, qu'ils fuient et que notre corps s'ouvre généreusement et libère ses constituants : ils diraient alors "enfin libres!"."

 

Analyse de Gilles Barbier sur son oeuvre Aaaah !


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